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La présidente de la région Ile-de-France appelle à la rescousse l’intelligence artificielle pour lutter contre la délinquance dans les réseaux de transports. Elle réclame la création d’un comité d’éthique.
La présidente (DVD, ex-LR) de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, constate une hausse alarmante de l'insécurité dans toute l'Ile-de-France. Elle déplore par ailleurs le manque d'anticipation du gouvernement dans sa gestion du Covid-19.
On constate une augmentation de la délinquance — vol avec violences, cambriolages — à Paris depuis l'été. Est-ce que vous vous l'expliquez ?
Toutes les remontées du terrain montrent une hausse alarmante de l'insécurité à Paris et dans toute l'Ile-de-France, avec plusieurs phénomènes : des réseaux criminels qui compte tenu du Covid ont eu moins de ressources et s'affrontent sur fond de guerre de territoire. Mais aussi des réseaux mafieux de vols à la tire qui, faute de tourisme, se spécialisent dans les cambriolages. Les Franciliens sont plus souvent agressés, dans la rue, dans les transports, chez eux, parce que c'est vers eux que se tournent ces réseaux mafieux.
Comment y faire face ?
Il faut mettre les moyens pour s'y attaquer. La région soutient l'équipement des polices municipales et la vidéoprotection partout en Ile-de-France. Nous avons installé de la vidéo protection partout dans les transports en commun, on a financé le recrutement de mille agents supplémentaires sur le réseau de transports. Mais, dans le même temps, l'Etat nous a retiré 350 agents de police nationale ! Je réclame une nouvelle fois leur retour.
Que faire d'autre dans les transports ?
A New York, Rudolph Giuliani a mis fin à la délinquance dans les transports en renforçant le contrôle des titres de transport aux entrées. Il faut que les agents de sécurité et les contrôleurs puissent vérifier l'identité des contrevenants dans les transports, les décrets de la loi Savary de 2016 ne sont toujours pas parus ! Il faut aussi renforcer les prérogatives des agents de sécurité privée pour qu'ils puissent sortir les délinquants du réseau de transport. Aujourd'hui, ils ne le peuvent pas ! L'arsenal juridique est incomplet et non efficace. J'ai proposé aussi l'interdiction des réseaux de transports pour les multirécidivistes, comme cela a été fait pour les supporters violents dans les stades de football. En vain.
Vous prônez aussi l'utilisation de la reconnaissance faciale…
Oui! Nous sommes en risque terroriste très élevé, or on n'a aucun moyen d'utiliser l'intelligence artificielle pour les repérer alors qu'on a désormais des caméras partout. N'attendons pas un drame pour agir ! Je demande à l'Etat la création sans délai d'un comité d'éthique pour trouver un juste équilibre entre l'impératif de sécurisation des réseaux de transports et la préservation des libertés.
La ville de Paris attend une autorisation du Parlement pour mettre en place sa police municipale, mais cela ne se ferait pas avant 2021. Le gouvernement doit accélérer ?
Evidemment! Car la ville de Paris a les moyens de se doter d'une vraie police municipale armée. On a aujourd'hui une délinquance dans le nord et l'est de Paris qui est de plus en plus violente. Pour moi, les polices municipales sont les vraies polices de proximité. A Paris, il faut aussi s'attaquer au problème des mineurs isolés étrangers, qui sont de la chair humaine pour les réseaux mafieux. Ainsi, les auteurs des cambriolages de pharmacie cet été étaient des gamins entre 13 et 16 ans. Aujourd'hui, les juges les placent dans des centres éducatifs fermés, ils se sauvent et repartent dans la rue. Il faut enfin signer des accords de retour dans leur pays d'origine.
Concernant le Covid, la 2e vague est là. Le gouvernement a-t-il trop tardé à réagir ?
Aujourd'hui, l'urgence c'est de faire bloc. La région fait le maximum pour aider le gouvernement. Mais la vérité est qu'il y a eu un manque d'anticipation de cette deuxième vague pendant l'été.
Redoutez-vous le reconfinement en Ile-de-France ?
Il est important de régionaliser la gestion de crise. Les régions souhaitent piloter les agences régionales de santé, pour assurer une meilleure coordination entre l'hôpital public les cliniques privées et la médecine libérale. Le reconfinement, je le redoute, car l'Ile-de-France est la région la plus touchée par l'épidémie. Je vois malheureusement l'hôpital de plus en plus débordé. Mais, je souhaiterais, au maximum de ce que permettent les conditions sanitaires, qu'on maintienne l'activité, parce que la crise sociale qui va suivre va être dramatique. Si on additionne les plans sociaux, les risques de faillites et les licenciements dans les PME, nous atteindrons probablement un million de chômeurs à la fin de l'année. La région se mobilise pour y faire face.
La droite a été très virulente avec Emmanuel Macron cette semaine sur la question islamiste. Fallait-il rompre l'unité nationale ?
Je ne cherche pas à faire de la critique, je dis juste qu'il faut agir vite et fort. Et que le combat pour la République sera long et difficile. Depuis cinq ans, j'ai constamment tiré des signaux d'alarmes sur la gangrène de l'islamisme radical. J'attends des actes et de la constance dans la durée.
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